• Feb 05, 2025

Le POCUS chez le chat : un outil diagnostique rapide et non invasif

Le Point-of-Care Ultrasound (POCUS) est une technique d’échographie rapide, non invasive et réalisable au chevet du patient. Son principal atout réside dans sa capacité à répondre à des questions cliniques ciblées sans compromettre le bien-être du chat. De plus en plus utilisé comme outil diagnostique de première ligne, le POCUS s’impose comme un complément essentiel à l’examen clinique en médecine vétérinaire.

Les applications du POCUS chez le chat

Le POCUS permet une évaluation rapide de plusieurs systèmes anatomiques, offrant ainsi une aide précieuse en cas d’urgence ou d’incertitude diagnostique.

1. Échographie pleuro-pulmonaire

Cette technique vise à explorer la cavité pleurale et les poumons afin de détecter des anomalies telles que l’épanchement pleural, le pneumothorax ou certaines pathologies pulmonaires.

• La sonde est placée perpendiculairement aux côtes dans l’espace intercostal.
• Le balayage en éventail permet d’évaluer la ligne pleurale et de détecter les signes échographiques clés (lignes A et B, glissement pulmonaire, signe du rideau abdominal).
• L’absence de glissement pulmonaire peut indiquer un pneumothorax, mais son diagnostic doit être confirmé par d’autres examens.

2. Échographie cardiaque

Le POCUS cardiaque est particulièrement utile pour évaluer la taille de l’atrium gauche et détecter un épanchement péricardique chez les chats présentant des signes respiratoires inquiétants.

• La sonde est positionnée en regard du battement cardiaque maximal, perpendiculairement aux côtes.
• Les vues parasternales droites en petit axe permettent d’évaluer les cavités cardiaques et le rapport LA:Ao (atrium gauche/aorte).
• Une dilatation de l’atrium gauche (LA:Ao > 1,55) peut suggérer une affection cardiaque nécessitant une prise en charge spécifique.

3. Échographie abdominale

Le POCUS abdominal facilite la détection de liquide péritonéal, l’évaluation de la vessie, la recherche d’anomalies rénales et l’analyse de la veine cave caudale (CVC).

• Les principales zones explorées incluent la région sous-xiphoïdienne, les flancs et la région vésicale.
• L’évaluation de la CVC peut fournir des indications sur le statut volémique du chat, bien que son interprétation puisse être influencée par la pression exercée par la sonde.
• Une bonne technique de balayage et d’angulation de la sonde est essentielle pour obtenir des images exploitables.

Préparation et matériel

L’un des atouts majeurs du POCUS est sa facilité de mise en œuvre. Toutefois, quelques précautions permettent d’optimiser l’examen.

• Positionnement du patient : Le chat est maintenu dans la position la plus confortable (sternal, assis ou debout). Le décubitus dorsal est généralement évité pour minimiser le stress.
• Préparation de la peau : Le rasage est rarement nécessaire. Un écartement des poils et l’application d’alcool facilitent l’obtention d’une image de qualité.
• Équipement : Un appareil d’échographie portable avec une sonde microconvexe est recommandé, permettant une exploration rapide et efficace de l’ensemble des structures ciblées.

Limites et précautions du POCUS

Malgré ses nombreux avantages, le POCUS présente certaines limites qu’il convient de garder à l’esprit :

• Examen ciblé : Le POCUS ne permet pas une évaluation exhaustive et peut ne pas détecter certaines affections si elles ne sont pas activement recherchées.
• Qualité d’image inférieure : Par rapport à une échographie complète, l’imagerie POCUS peut être moins précise, surtout en cas d’ajustements limités des paramètres.
• Dépendance de l’opérateur : Une formation adéquate est nécessaire pour interpréter correctement les images et éviter des erreurs diagnostiques.
• Pathologies pulmonaires invisibles : Certaines affections ne sont détectables que si elles atteignent la surface du poumon.

Un outil précieux à intégrer en pratique clinique

Le POCUS s’impose aujourd’hui comme une technique incontournable en médecine féline. Son utilisation permet une évaluation rapide et non invasive, particulièrement précieuse en contexte d’urgence. Toutefois, ses résultats doivent toujours être interprétés dans le contexte clinique global, en complément des autres examens diagnostiques. Bien maîtrisé, il représente un atout indéniable pour améliorer la prise en charge des chats en consultation ou en hospitalisation.

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Sources :

• Gommeren, K., Chalhoub, S., & Boysen, S. (2023). Échographie POCUS pleuro-pulmonaire chez le chien et le chat.

• Swanstein, H., Boysen, S., & Cole, L. (2024). Feline friendly POCUS: how to implement it into your daily practice. Journal of Feline Medicine and Surgery, 26(9), 1098612X241276916.

• Rigot, M., Boysen, S. R., Masseau, I., & Letendre, J. A. (2024). Evaluation of B-lines with 2 point-of-care lung ultrasound protocols in cats with radiographically normal lungs. Journal of Veterinary Emergency and Critical Care, 34, 143–152

• Łobaczewski, A., Czopowicz, M., Moroz, A., & Szalus, O. (2021). Lung ultrasound for imaging of B-lines in dogs and cats—A prospective study investigating agreement between three types of transducers and the accuracy in diagnosing cardiogenic pulmonary edema, pneumonia and lung neoplasia. Animals, 11(11), 3279.